Des signes qui ne mentent pas…

Ça y est. Le système d’éducation est à quelques années d’être complètement transformé. Pour le mieux. Il y a des signes qui ne mentent pas.

SAMR – L’appui requis pour passer du «S» au «R»

Dans Il faut sortir de Sa boîte pour innover à l’intérieur de LA boîte j’abordais en profondeur l’idée que le modèle SAMR nous permet d’imaginer des étapes concrètes vers la transformation de l’expérience d’apprentissage de l’élève, vers cette autre façon d’enseigner. Et qu’il y a une évolution dans le type d’appui requis pour aider les gens à passer du «S» au «R». En effet, l’appui dont les gens ont besoin au début est davantage technologique. Ensuite, au niveau du «A» et du «M», les gens demandent de l’appui pédagogique. Ils se mettent à changer leur démarche pédagogique mais l’impact sur leur façon d’évaluer les élèves n’est pas toujours clair ou cohérent pour eux. Au niveau du «R», l’appui se fait finalement au niveau de l’évaluation.

L’évaluation. C’est là que se joue la «game».

SAMR – Le système frappe à la porte du «R»!

Il y a des signes qui démontrent que notre système frappe à la porte du «R» (du modèle SAMR) au niveau du questionnement et de la réflexion. Récemment, George Couros publiait Is it time to move away from the idea of “Tech Leads”? Signe que le «S» est loin derrière nous. C’est clair pour tout le monde que l’éducation veut passer de la transmission de connaissances au développement de compétences, de personnes. J’aborde le sujet dans Le 21e siècle a 17 ans, hein? Mais on évalue ça comment, des compétences? Et, comme abordé dans «C’est dans Classroom!», comment on enseigne les compétences? Parce qu’on ne veut pas seulement évaluer, on veut enseigner!  Dans les dernières semaines, Sébastien Stasse publiait Que vaut vraiment un note?. Il propose des réflexions importantes sur le processus qui mène aux résultats actuels dans notre système. Aux notes finales de nos élèves. Il propose également d’excellentes réflexions au niveau de la place des notes dans l’acquisition des compétences. Quelle est la place de la note dans le processus d’apprentissage et de croissance qui mène au développement de compétences? La note tient-elle compte de nos progrès? Et s’il n’y avait pas de notes?! Dans L’école repensée, je propose ce visuel où on peut observer, au bas du visuel, la représentation du système traditionnel, qui transmet des connaissances. Chaque crochet représente une note. C’est logique. Pour ce modèle. Le haut du visuel, lui, représente l’école repensée, l’école qui permet de développer des compétences. Moins linéaire mais toujours limité par le temps et les exigences du système. Il n’y a pas de crochets ici. Mais qu’est-ce qui doit remplacer les crochets, les notes, dans l’école repensée? Et après tout,  On n’enseigne pas pour faire des bulletins. Dans son excellent billet, Nos élèves, les entrepreneurs d’aujourd’hui, mon collègue André Savard parle de l’école comme d’un lieu où chaque élève devient l’entrepreneur de sa vie. Prenez le temps de le lire. C’est émouvant. 

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Enlever les bulletins? Un pensez-y bien!

Mais sérieusement, que se passerait-il si on enlevait les bulletins? Pensez-y. Plus de bulletins à faire. Que des compétences à développer. Il me semble que ce serait tout un défi de garder nos élèves motivés. Non? Les tests, les tâches, les examens, ce sont les matchs de nos élèves. L’école ne peut pas être un endroit où on ne fait que pratiquer. Les élèves doivent performer. C’est stimulant! Mais pour qui? Et pour quoi? Dans quel contexte? Je me questionne. En tout cas, on a besoin de se faire une tête, collectivement, sur ce qu’on veut réellement faire dans l’école repensée.

Personnaliser l’éducation? Que de questions!

C’est donc logique que le système se questionne sur ses éléments les plus fondamentaux. Comme la place de l’évaluation. Depuis longtemps, on va à l’école pour ________________. Être évalué et standardisé. Mis dans le moule. Comparé à la moyenne. Si on personnalise l’éducation, il faut également personnaliser l’évaluation. Et ça amène toutes sortes de questions. Comment évaluer des compétences? Et comme abordé dans Est-il temps de parler d’évaluation hybride?, comment tenir compte de tous les contextes, y compris le numérique, lorsqu’on évalue?  Comment avoir des indicateurs systémiques standardisés si l’éducation est personnalisée? Il faut aligner nos flèches. Comment on démontre que le système est bon et progresse si les élèves ne font pas tous les mêmes travaux en même temps? Comment réussir à mesurer et à évaluer ce qui compte pour le système tout en développant ce qui compte pour nos élèves?

Regardons derrière. Ça va prendre du temps.

Pour anticiper les prochaines étapes, réfléchissons à ce que nous a enseigné l’arrivée des grilles d’évaluation globales, dont la mise en oeuvre graduelle a débuté en 1999. Qu’est-ce que ça a demandé du système? On a changé notre façon d’évaluer avant de changer notre façon d’enseigner. La grille, c’était une autre paire de lunettes pour évaluer l’élève de façon qualitative plutôt que quantitative, mais dans le même modèle. Graduellement, ces lunettes nous ont amenés à changer nos façons de faire. On parlait de tâches englobantes qui permettent d’évaluer les 4 compétences de la grille. De regarder l’élève globalement. Même si parfois on ciblait une compétence par question, parce que ça allait mieux pour expliquer la note finale. Même si on avait parfois l’impression de pénaliser l’élève deux fois parce que HP2 et MA2, c’était tellement la même chose. Mais ça, c’était avant. N’est-ce pas? Et ça a pris 10 ans avant que le terrain développe sa capacité avec ces nouvelles lunettes, ce qui a donné lieu à Faire croître le succès, la politique du ministère de l’Éducation de l’Ontario en matière d’évaluation du rendement de l’élève. 10 ans. Signe que la transformation d’un système, ça prend du temps.

À la recherche de nos prochaines lunettes

Dans un système en transition vers une approche personnalisée, axée sur le développement des compétences, je crois que nous vivrons le processus inverse de celui vécu avec la grille d’évaluation globale. En effet, nous avons déjà commencé par changer notre pratique, commencé à personnaliser l’éducation. Nous réussissons très bien à intégrer la technologie. Mais là, on cherche les lunettes. Quelles seront nos nouvelles lunettes? Quelle sera la prochaine grille? Aura-t-elle des critères? Des exigences? Des principes directeurs?

Je crois que notre capacité systémique à évaluer et à enseigner les compétences, en contexte, c’est la clé ultime qui nous permettra de transformer complètement, de personnaliser l’expérience d’apprentissage de nos élèves.

Ensemble, on va plus loin… et plus vite!

Oui, notre système est sur le point d’être complètement transformé. Il y a des signes qui ne mentent pas. Et il ne nous manque que nos lunettes. Mais comment les trouverons-nous?

Avec les médias sociaux, ça ne prendra pas 10 ans!

Je travaille présentement sur une série de modèles / visuels qui peuvent, à mon avis, nous servir de processus collectif pour arriver à identifier nos prochaines lunettes. Ce sera l’objet de mon prochain billet! (C’est la première fois que j’écris un billet pour préparer le prochain… Et je fais des visuels en plus… Signe que c’est très flou encore!)

Si ça vous intéresse, je vous invite à partager vos idées/suggestions/questions dans les commentaires. Je vais les intégrer dans mon prochain billet!

Activons notre cerveau collectif!

Ensemble, on va plus loin… et plus vite!

Merci 🙂

9 Mai, 2017

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Commentaires

6 Commentaires

    • Marius

      Merci beaucoup du partage, Jessica. C’est super 🙂

      Réponse
  1. jacquestaillefer71

    Mais, doit-on réinventer la roue?

    Nous n’avons que jeté un coup d’œil à certains systèmes d’éducation en Europe pour les adapter à notre réalité et passer à l’action OPV. Le bien-être de trop d’enfants et la santé même de notre société sont en jeu. Non ce n’est pas trop dramatique, si on juge l’épidémie de santé mentale chez les jeunes, les résultats au post-secondaire et la transition vers le gagne-pain.

    À ça, identifions les outils (Classroom, Edpuzzle, etc.) qui faciliteront la mise en oeuvre pour les pédagogues et non seulement la modification des paradigmes. Et un plan de formation basé sur des compétences spécifiques à acquérir de façon progressive. Et que ces compétences seront valorisées et feront même partie de l’observation professionnelle formelle. R=E+M…

    Réponse
    • Marius

      Tu présentes d’excellents points, Jacques. Des pourquoi et des comment. Merci du partage 🙂

      Réponse
  2. Anonyme

    S’imaginer une nouvelle paire de lunettes, c’est se déclarer à la fois passionné, courageux et visionnaire! Quel défi de taille! C’est un bonheur que d’imaginer une paire de lunettes à travers lesquelles l’enseignant et l’élève pourraient cheminer vers une meilleure compréhension de ce monde en évolution constante. L’acte d’évaluer serait tellement plus puissant s’il était initié spontanément et mesurer dans un contexte visant la quête de l’épanouissement personnel, en exigeant une rigueur personnelle de soi, sans avoir la contrainte de livrer la bonne réponse.

    Bon succès dans tes démarches!!!

    Réponse
    • Marius

      Merci Vincent Carrara. C’est très apprécié. Je vais m’en servir dans mon prochain billet

      Réponse

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