Êtes-vous prêts à sortir du manuel?

Bon, ça y est. La première semaine d’école est derrière nous, le long week-end aussi! À partir de demain, les enseignantes et enseignants s’appuieront sur leur planification annuelle pour planifier plus en détail les différentes leçons qu’ils livreront au quotidien dans les prochaines semaines. Certains ont probablement déjà des dates en tête pour la première évaluation sommative de l’année! C’est signe que l’année est commencée pour vrai.

Un exemple concret

J’animais une conférence d’une journée au CSDCEO (#csdceo21) le 26 août dernier avec trois de mes collègues, soit @jprofnb, @maotechno et @charleboisjoel. Pour établir nos objectifs de fond pour la journée, nous avons présenté deux extraits du film Mona Lisa Smile aux quelque 207 participants.

Une approche axée sur les connaissances

Le premier extrait montre l’enseignante en train de livrer son premier cours de l’histoire de l’art aux femmes parmi les plus intelligentes des États-Unis dans les années 50.

On y remarque une approche plutôt traditionnelle, axée sur les connaissances. (Cette approche est de moins en moins utile de nos jours puisque tout le monde a accès à l’ensemble du savoir de l’humanité via Google, entre autres.) Or l’enseignante se retrouve devant des élèves engagées qui savent jouer la «game» de l’école, comme le dirait si bien mon collègue @zecool. L’enseignante sait très bien que ses élèves ont les bonnes réponses mais qu’elles ne savent pas pourquoi ce sont les bonnes réponses. (De nos jours, on cherche plutôt à développer une communauté de penseurs dans nos salles de classe. Nos élèves ont besoin de savoir quoi faire avec l’abondance d’information à laquelle ils ont accès.)

Une approche axée sur le questionnement et la réflexion

Elle retourne donc chez elle un peu troublée. Le cours suivant, elle utilise une autre stratégie pour stimuler la réflexion chez ses élèves. Leur non-verbal veut tout dire.

Ce que j’apprécie de cet extrait, ce sont les trois questions que l’enseignante pose à ses élèves, trois questions qui constituent leur nouveau syllabus.

  1. What is art?
  2. What makes it good?
  3. Who decides?

Que de liens avec les approches pédagogiques actuelles axées sur les grandes questions. Des approches qui sont d’une importance capitale dans le virage au numérique. À la fin du 2e extrait, on voit clairement que l’enseignante essaie une nouvelle approche avec ses élèves et qu’elle aime le résultat. Or son cours n’est pas entièrement conçu autour des trois grandes questions à ce moment. C’est pourquoi on la voit retourner à l’approche traditionnelle à la fin de l’extrait. En effet, elle retourne dans le manuel scolaire. À ce moment, les élèves retrouvent leur aplomb, leur zone de confort. Hmmmm. Intéressant!

3 grandes questions

En lien avec le deuxième extrait, voici trois grandes questions, qui s’appliquent très bien à notre profession, et qui ont servi d’assises pour notre conférence.JPEG image-E592E4587863-1.jpeg

  1. Qu’est-ce que l’enseignement?
  2. Qu’est-ce qui fait que l’enseignement est de haut niveau?
  3. Qui décide?

Ce sont des questions auxquelles nous avons intérêt à réfléchir, surtout en début d’année. C’est un moment où on met des choses en place, qui ont tendance à durer dans le temps. Voici un excellent billet de @gcouros qui aborde ce qu’est un enseignant.

Concepteurs/conceptrices d’expériences d’apprentissage

Toutes les nouvelles approches pédagogiques des dernières années invitent les enseignants à devenir des concepteurs d’expériences d’apprentissage pour leurs élèves. Les enseignants deviennent alors la ressource la plus importante dans leur salle de classe puisqu’ils remplacent le manuel scolaire. Ça fait drôle à dire, mais c’est un peu ça. Quand on conçoit nos cours avec l’idée que ce ne sont pas des leçons mais des expériences qui seront vécues par les élèves, c’est clair qu’on est à l’extérieur de la démarche typique d’un manuel (souvent accompagné de son corrigé).  @burgessdave, auteur de Teach Like A Pirate (une de mes prochaines lectures), présente une autre façon de voir la planification de nos cours. Il mentionnait dans un podcast qu’il approche ses leçons un peu comme faire du BBQ. Si on met un steak sur un BBQ froid, rien ne se produit. Si on réchauffe le BBQ avant… Même chose avec les élèves. Il faut leur faire VIVRE des choses.

Learning is creation, not consumption. Knowledge is not something a learner absorbs, but something a learner creates. via @frankitaliano

3 questions pour devenir concepteur/conceptriceJPEG image-932DEB42A45F-1

Je vous propose donc ces trois questions (voir image) pour vous aider à devenir des concepteurs et des conceptrices d’expériences d’apprentissage pour vos élèves. Les élèves ont besoin d’avoir des conversations au sujet du contenu de leurs cours. Ils ont besoin de créer pour apprendre. Ils ont également besoin d’innover avec ce qu’ils ont appris. C’est pourquoi nous cherchons à leur donner un auditoire. Les élèves veulent contribuer concrètement à la société, et ils le peuvent. Finalement, pour que tout ceci se concrétise, tout ce qu’il faut, c’est une enseignante ou un enseignant qui décide de sortir du manuel scolaire* et de devenir conceptrice ou concepteur d’expériences d’apprentissage pour et avec ses élèves. Évidemment, ce ne sont que 3 questions. Ça ne fait pas le tour du sujet, loin de là. C’est un point de départ.

Êtes-vous prêts à relever le défi?

Plusieurs ont déjà commencé.

C’est de toute beauté.

Demandez-leur!

Merci de vos commentaires 🙂

*Dans le cadre du présent billet, manuel scolaire représente l’approche traditionnelle axée sur les connaissances seulement (scène 1). Je suis d’avis qu’on peut très bien concevoir des expériences d’apprentissage fort stimulantes en utilisant des manuels scolaires. Ce qui compte, c’est le concepteur ou la conceptrice, pas les outils utilisés.

 

5 Sep, 2016

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Commentaires

1 Commentaire

  1. Anonyme

    Bravo pour le billet!

    Réponse

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  1. Est-il temps de parler d’évaluation hybride? | Pédago 21 - […] augmentée, la réalité virtuelle, pour ne donner que quelques exemples. Ce sont des façons de «sortir du manuel» et…

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