C’est impensable…

C’est quelque chose ce qu’on vit présentement. C’est impensable. Tout le monde est sur pause. Tout le monde est sur le qui-vive. On vit tous la même chose en même temps. On reste chez soi, on se lave les mains et, si on sort, on reste à deux mètres des autres. On aplatit la courbe. Je n’ai jamais vu ça. Avec l’évolution des dernières semaines, j’observe les leaders des pays, des provinces, des municipalités… Je me rends compte à quel point le leadership est important. Je me rends surtout compte à quel point les vies humaines sont précieuses aux yeux du système, aux yeux de nos dirigeants. Ça me touche. Le système, c’est du monde. Pour vrai.

On pourrait penser que c’est normal qu’on mette le monde sur pause pour sauver des vies, pour ne pas surtaxer le système de la santé. Ce l’est. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me touche de voir à quel point, quand tout devient sérieux, ce qui compte le plus, ce sont les personnes. Derrière les statistiques, il y a du vrai monde. Money is no object. Ça me donne énormément d’espoir. On dit que les situations comme celle que nous vivons nous permettent de voir de quoi sont faits les leaders. Ça nous permet également de voir de quoi nous sommes faits, vous et moi. J’aime ce que je vois. Quand c’est sérieux, comme société, on sait quoi faire. On se rallie et on fonce ensemble. Ça va bien aller, nous dit-on.

Quand c’est sérieux, comme société, on sait quoi faire. On se rallie et on fonce ensemble. – @bourmu

Mon billet d’aujourd’hui se veut un effort de trouver du positif dans l’impensable. Parce que c’est impensable ce qu’on vit présentement. Mais à un moment donné, nous serons de retour au travail. Et nous aurons le choix de continuer, comme avant. Nous pourrions aussi choisir une autre courbe, une autre trajectoire pour l’éducation. Mais ça nous demandera de faire des choses qui nous paraissent impensables en éducation. Impensables jusqu’à maintenant.

@bourmu (2)Voici donc quelques réalités que nous vivons présentement et comment ces réalités pourraient se vivre à notre retour «à la normale».

On s’éloigne – On va se rapprocher

Présentement, on s’éloigne physiquement des autres. C’est la prescription. Mais cette distanciation sociale a déjà créé une soif de rapprochement entre nous. On utilise la technologie pour tenter de se rapprocher. Je joue à Pictionnary à distance avec ma famille élargie. Pensez-y. Impensable avant la COVID-19. À notre retour dans nos établissements, nous aurons des histoires à nous raconter. Certains pourraient penser que les élèves auront un trou dans leur apprentissage à leur retour. On voudra se rapprocher et rattraper, pas seulement l’apprentissage et le programme, mais le temps perdu. Le temps que nous n’avons pas pu passer ensemble. Les défis nous rapprochent.

Tester, Tester, Tester! – Soutenir, Soutenir, Soutenir!

On peut comprendre l’importance de tester les gens présentement. Pas de tests, pas moyen de déterminer objectivement quelles mesures mettre en place et si elles fonctionnent. Pas de tests, pas de courbe, pas moyen de savoir où on en est et où on s’en va. Pas moyen de savoir si on progresse. Mais ici on se sert de la courbe pour être en mesure de mieux soutenir les gens. À notre retour, j’ose croire qu’on ne créera pas une course aux notes manquantes et qu’on choisira plutôt de se soutenir, soutenir, soutenir les uns les autres. C’est le but de l’éducation. Certains diront : « Oui! Mais comment? » Quelle belle question. Quel beau point de départ. Comment. Pas pourquoi.

On a le temps – On va prendre le temps

Présentement, on a le temps. On a l’embarras tu temps. Non structuré. La situation entourant la COVID-19 nous place en position de confinement, ce qui nous permet de passer beaucoup de temps avec nos êtres chers. On a le temps de réfléchir et on se retrouve face à soi-même. Ça remet les choses en perspective et ça nous permet de voir ce qui compte vraiment dans notre vie. De retour au travail, je pense qu’on va prendre le temps pour les choses qui comptent. Je pense qu’il va y avoir un moins grand écart entre notre liste de priorités et notre réel emploi du temps.

On annule les examens du ministère – On va repenser la place de l’évaluation en général

Dans le présent contexte, l’éducation a dû choisir de ne plus tester pour le moment. Ça enlève un stress. On peut comprendre pourquoi. Or ça stimule la réflexion. Arrêter de tester en éducation, c’est impensable. C’est dans notre ADN. Mais à notre retour, j’ose croire que la prescription sera de repenser la place de l’évaluation en général. L’éducation a besoin de sa courbe, aussi, pour progresser. Et si on se servait de la courbe créée par les diverses choses que l’éducation évalue pour soutenir le développement des personnes? Plutôt que pour les classer ou les sélectionner, entre autre… Est-ce si impensable?

On prend conscience de notre réalité – On va adopter de nouvelles habitudes

À force d’être en pause, on donne une pause à l’environnement. On fait de beaux constats. On se rend compte qu’on a de l’impact. On voit au fond de l’eau à Venise. Impensable. À force d’être en pause on se rend aussi compte à quel point on était peut-être trop souvent sur le pilote automatique. On doit prendre plein de nouvelles décisions au quotidien, parce qu’on est en pause. C’est curieux quand même. À plusieurs niveaux, c’est la planète au complet qui adopte déjà de nouvelles habitudes. À notre retour, je crois qu’on va continuer d’adopter de nouvelles habitudes et qu’on va changer la trajectoire du pilote automatique. Il y a des choses qui deviennent évidentes. Il faut simplement accepter de les voir et d’agir.

Tout le monde est uni et solidaire à cause de la COVID-19 – Tout le monde sera uni et solidaire grâce au leadership de tous

Évidemment, ce que nous vivons ensemble nous unit. On constate cette solidarité, pas parfaite, mais bien présente dans nos milieux respectifs. C’est beau à voir. Or le contexte actuel, personne ne l’a choisi. À notre retour, nous aurons le mandat de créer le contexte propice, dans notre zone de contrôle, pour façonner graduellement le prochain chapitre du grand monde de l’éducation. Le système, c’est du monde. Et on a besoin de tout notre monde pour y arriver.

PlatonNe pas avoir peur de la lumière

Je suis tombé sur cette citation de Platon récemment : « On peut aisément pardonner à l’enfant qui a peur de l’obscurité; la vraie tragédie de la vie, c’est lorsque les hommes ont peur de la lumière. » 

Le contexte actuel nous permet de réfléchir et de remettre certaines choses en question dans nos vies personnelles et professionnelles. Ces réflexions nous permettront de mettre en lumière les prochaines étapes qui pourraient le mieux nous servir, nous, et le monde de l’éducation à notre retour. Il y a des choses qui nous paraissent impensables en éducation. Impensables… jusqu’à maintenant.

À notre retour au travail (en personne), rien n’est impensable. En fait, tout est possible!

Rappelons-nous que quand c’est sérieux, comme société, on sait quoi faire. On se rallie et on fonce ensemble.

Je pense qu’on sait quoi faire en éducation.

Il faut juste ne pas avoir peur de la lumière.

Ça va bien aller.

 

3 Avr, 2020

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Commentaires

6 Commentaires

  1. Anonyme

    WOW! Quelle belle réflexion!

    Réponse
  2. Anonyme

    Très belle réflexion Marius! Il faut absolument saisir ce moment historique et impensable pour faire autrement quand cette pause sera terminée. On ne pourra pas faire comme si rien ne s’était passé!

    Réponse
  3. Anonyme

    J’aime bien ton tableau pendant et après; surtout où ça dit qu’on va repenser la place de l’évaluation en général. Merci pour cette belle réflexion et la citation à la fin.

    Réponse
    • Marius

      Merci d’avoir pris le temps de lire le billet et de commenter. C’est bien apprécié. Bon courage et bon succès dans le après 🙂

      Réponse
  4. Johanne Jalbert

    WOW! Ça donne de l’espoir aux changements en éducation ! Merci Marius pour ce beau texte!

    Réponse
    • Marius

      Merci à toi Johanne. Ton commentaire est bien apprécié 🙂

      Réponse

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