Choisir d’être heureux en éducation en 2024

Le setup

Bonne et heureuse année 2024! Santé, paix, amour et bonheur. C’est comme ça qu’on se souhaite la bonne année dans ma famille. On se souhaite d’être heureux. J’ai le goût de commencer mon premier billet de blog de l’année en vous souhaitant d’être heureux en 2024. Vraiment. Mais c’est compliqué le bonheur. Dans l’excellent documentaire de Jonah Hill, que j’ai regardé à trois reprises, Phil Stutz affirme ceci : « Les gens qui acceptent que la vie est faite de douleur, d’incertitude et de travail constant sont mieux équipés et essentiellement plus heureux que ceux qui essaient constamment d’éviter ces choses. » Quand je pense à ma vie, je ne peux pas faire autrement qu’être d’accord avec Stutz. C’est le « setup » de la vie selon lui. Et ça ressemble pas mal au monde de l’éducation. Douleur, incertitude, travail constant. Accepter ça plutôt que d’essayer de l’éviter.

La posture

Le monde de l’éducation, comme la société d’ailleurs, n’a jamais été aussi rempli de douleur, d’incertitude et de travail constant. Ça m’amène à faire des liens avec la posture requise en éducation. Pour être heureux, tsé? Être heureux en éducation, c’est possible. Il suffit d’accepter que nous oeuvrons dans un contexte d’amélioration continue et d’être coachable. Rien que ça. COACHABLE est un terme que j’utilise souvent mais je n’ai jamais pris le temps de mettre par écrit ce que je veux dire. Je vais être concis.

C urieux : Pour apprendre, il faut être curieux. Lorsqu’on est curieux, ça signifie qu’on veut savoir quelque chose. Si on veut savoir quelque chose, c’est parce qu’on ne le sait pas. Sommes-nous à l’aise de ne pas savoir des choses en éducation? Lorsqu’on se donne la permission de ne pas tout savoir, ça nous permet d’activer notre curiosité. Fait intéressant, saviez-vous qu’un facteur déterminant pour créer un climat de confiance au sein d’une équipe est « Je ne sais pas. »? C’est rassurant de côtoyer des collègues qui, comme nous, ne savent pas tout.

O uvert : Pour certains, s’ouvrir aux nouvelles idées, aux nouvelles stratégies, aux nouveaux outils, c’est s’ouvrir à la douleur. Pensez-y. Quand ça fait 20 ans qu’une personne enseigne de telle façon et que grâce à un collègue elle prend conscience d’une approche, d’une stratégie ou d’un outil plus efficace, ça peut faire mal. Tout dépend de la posture. Carl Jung affirme qu’aucune prise de conscience ne vient sans douleur. La personne peut avoir honte de ne pas avoir su ça avant, elle peut être découragée du travail qui l’attend, elle peut être en colère (certaines personnes ne se donnent pas la permission de ne pas être parfaites), elle peut être anxieuse… ou super heureuse de découvrir de nouvelles possibilités.

A mbitieux : Avez-vous des objectifs ambitieux dans votre milieu? Je vous le souhaite. C’est tellement stimulant. Si certains élèves ou collègues semblent ne pas avoir d’ambition, qu’on pourrait interpréter comme un manque d’engagement, je dois vous dire qu’il y a un mot caché dans « ambitieux » : ESPOIR. C’est difficile d’avoir de l’ambition lorsqu’il n’y a pas d’espoir. J’ai rarement vu des personnes sans espoir qui avaient beaucoup d’ambition. Le désespoir, c’est un autre mot pour douleur. Et si on devenait des marchands d’espoir pour les personnes autour de nous? Amener les gens à réécrire l’histoire qu’ils se racontent intérieurement à propos d’eux-mêmes et de ce qui est possible pour eux.

C onfiant : Il n’y a pas de garantie en éducation. Une personne confiante a le courage d’agir malgré l’incertitude. Au fil du temps, j’ai côtoyé plusieurs personnes confiantes en éducation et je peux affirmer avec confiance (mot de jeu) que la confiance vient de la préparation. Le travail constant en amont mène inévitablement à la confiance et à la compétence. Il n’y a pas de hasard. Et lorsqu’on se sent prêt… Or la préparation ne garantit pas de bons résultats mais le manque de préparation garantit la médiocrité ou même l’échec plus souvent qu’autrement. De plus, c’est tellement plus agréable de côtoyer des collègues qui se sont préparés, des collègues sur qui on peut compter lorsque ça compte. Ça augmente la confiance collective.

H umble : La confiance, c’est bien, mais il y a toujours quelque chose qui nous échappe. Nous avons tous des angles morts. Heureusement, l’éducation est un sport d’équipe. Chaque membre a quelque chose à offrir. Lorsque j’ai fait ma formation avec l’équipe de John C. Maxwell, il avait expliqué l’importance de l’humilité. Il nous avait dit qu’on n’est jamais aussi bon que notre meilleure performance et jamais aussi moche que notre pire performance. C’est tellement vrai. Il nous avait invité à rester entre les lignes. Pas trop haut, pas trop bas.

A pprenant : L’apprentissage est le coeur du système d’éducation. Comment pouvons-nous espérer guider nos élèves dans le monde d’aujourd’hui si nous ne sommes pas nous-mêmes en apprentissage? Travail constant. «Oui mais Marius, j’ai fait ma formation initiale.» Exactement. INITIALE. À mon humble avis, tout le monde en éducation devrait être en train d’apprendre à utiliser l’IA afin d’appuyer les élèves dans nos classes qui sont de plus en plus hétérogènes. Nous avons la possibilité, entre autre, d’offrir un tuteur virtuel, un copilote, à tous les élèves et d’augmenter de façon significative l’apprentissage. Encore faut-il que les adultes soient des apprenants. Je vous invite à regarder ce TED talk de Sal Khan.

B ienveillant : Être bienveillant, c’est avoir une disposition favorable à l’égard de quelqu’un. On parle de bienveillance depuis quelques années déjà en éducation. C’est parce qu’il y a beaucoup de douleur en éducation. Chez les adultes et chez les enfants. Allan Lokos affirme ceci : « La souffrance est généralement liée au fait de vouloir que les choses soient différentes de ce qu’elles sont. » Acceptons-nous que la pandémie a eu un impact majeur sur les enfants (sur nous et sur la société aussi)? La crise économique crée forcément des crises familiales aussi. Curieusement, on parle des écarts, on parle de rattrapage… et de bienveillance! Il y a comme une incohérence. Comment pouvons-nous espérer être bienveillants lorsque nous demandons l’impossible aux élèves et au personnel : reprendre le temps perdu? Quelle souffrance pour tous que nous pourrions éviter en nous adaptant. Tout ce que les élèves et le personnel des écoles peuvent faire, c’est de continuer.

L eader :  Le leadership est l’impact positif que nous avons sur notre devenir et sur le devenir des personnes autour de nous. Devenir, c’est le verbe « Être » mais en mouvement. Un leader est donc en mouvement. Lorsque les choses ne vont pas bien, ce n’est pas nécessairement de sa faute mais ça peut être grâce à lui si ça s’améliore. Un leader se demande toujours ce qu’il peut faire pour influencer positivement les personnes dont il est responsable. L’influence positive est un travail constant, rempli d’incertitude et de douleur. C’est gris, le leadership. Les résultats varient généralement en fonction de la qualité des relations. Tout le monde est un leader.

E mpathique : Ça va vite dans une école. Il peut être facile de penser à ses propres besoins en premier. La clé en éducation, c’est la connexion humaine. J’aime bien les points clés de l’empathie selon Brené Brown :

  1. Être capable de se placer dans la peau de l’autre;
  2. Reconnaître l’émotion de l’autre; 
  3. Communiquer cette émotion à l’autre;
  4. S’abstenir de juger l’autre.

Le 4e point me parle particulièrement. On n’a pas besoin de parler pour juger. Vous me suivez? L’empathie est non verbale. Le contexte actuel, qui comprend l’avènement de l’IA, suscite toutes sortes d’émotions présentement. On ne peut pas décider pour les autres ce qui est menaçant ou non. Tout le monde doit composer avec la douleur, l’incertitude et le travail constant; même si on ne le voit pas vraiment dans Instagram. Empathie. Comme le dit Gabor Maté : « Le sentiment de sécurité ne vient pas de l’absence de menace. Il vient de la présence de connexion. »

Le bonheur 

Imaginez ce qui devient possible pour une personne, pour une équipe, pour une classe, pour une organisation, si toutes les personnes choisissent de se présenter avec les adjectifs de COACHABLE dans leur sac.

Chose certaine, 2024 sera remplie de douleur, d’incertitude et de travail constant. Nous le savons.

Je vous souhaite cependant d’être coachable. Ça, c’est un choix et ça coûte gratuit.

Il n’y a pas de garantie mais je vous souhaite d’être heureux aussi.

Merci de vos commentaires 🙂

6 Jan, 2024

Recevoir le blog par courriel

Merci pour votre inscription!

Commentaires

5 Commentaires

  1. Annie Lessard

    Toujours très juste et su’l piton! Merci Marius de nous rappeler de la posture à adopter et des qualités requises pour être heureux en éducation et amener les gens à vivre des succès!

    Réponse
  2. Pascal Leblanc

    Inspirant ! Tout est dans l’état d’esprit. Il y a des choses sur lesquelles nous avons peu d’emprise. Toutefois, nous avons du contrôle sur l’ensemble des aspects du COACHABLE. Merci Marius.

    Réponse
    • Marius

      Merci pour ton commentaire, Pascal et au plaisir de te revoir cette semaine 🙂

      Réponse
  3. Nicole Arsenault

    Merci, j’ai vraiment apprécié cette lecture! J’ai même imprimé l’image plus haut avec le terme COACHABLE. C’est tellement un bon rappel, merci!

    Réponse
    • Marius

      Merci beaucoup pour ton commentaire Nicole. Je suis content que le visuel puisse te servir 🙂

      Réponse

Laisser un commentaire

Vous pourriez aimer

Leader : un appel à l’Être

Il y a beaucoup de bruit en éducation présentement. C’est parce qu’il y a beaucoup de défis. Au fil de mes...