Leader : un appel à l’Être

Il y a beaucoup de bruit en éducation présentement. C’est parce qu’il y a beaucoup de défis. Au fil de mes accompagnements, je constate que parmi tous les défis, il y a un défi fondamental. C’est-à-dire que ce défi en particulier est présent dans toutes les écoles. Si on réussissait à régler tous les défis, il resterait celui-là. Le défi fondamental dans toutes les écoles est l’écart entre la vision et la culture. Pensez-y. On voudrait être là-bas, mais on est ici. C’est normal, nous oeuvrons dans un contexte d’amélioration continue. On regarde les données, on se fixe des objectifs ambitieux et on tente de les atteindre un pas à la fois. C’est partout comme ça. Je ne sais pas si vous y aviez déjà pensé mais, les données, c’est le passé; la vision, c’est l’avenir; et la culture, c’est le présent. Le seul endroit où on peut agir, c’est… aujourd’hui. Le présent. Dans son excellent livre Atomic Habits, James Clear affirme : « You don’t rise to the level of your goals. You fall to the level of your systems. » La puissance du quotidien.

Changer l’autre ou choisir sa culture?

Qui dit amélioration dit changement. Lorsqu’il est question d’améliorer les résultats dans une école (le rendement des élèves), il n’est pas rare que la «culture» soit placée dans la colonne des obstacles qui nous empêchent d’avancer. « Ouin mais ce n’est pas pareil dans mon école, Marius. On a une culture, ici. Il faudrait changer la culture. » D’où la gestion du changement, bien connue chez les gestionnaires. Changer est un verbe intéressant. Mais c’est intime, le changement. C’est personnel. D’un point de vue de leadership, ce n’est peut-être pas le meilleur verbe à cibler lorsqu’on s’adresse aux autres. « Bonjour, je m’appelle Marius et je suis ici pour vous changer ce matin. » Ça vous donne le goût d’embarquer? Pas tant, n’est-ce pas? J’exagère, à peine, et je vous comprends. Avez-vous déjà pensé au verbe Choisir? Plutôt que de chercher à changer les gens, nous pourrions les inviter à choisir. Chaque personne doit choisir (implique une décision consciente) d’aligner ses actions avec les visées de l’organisation au meilleur de sa capacité (voir le visuel). Fait intéressant : on ne peut pas décider pour les autres. La culture d’une école se choisit donc une personne à la fois. Mais comment créer le désir du changement chez l’autre? Ghandi nous a donné un bon indice lorsqu’il a dit : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. »

Passer du verbe Faire au verbe Être

L’éducation, c’est plus qu’un ensemble de techniques de leadership pédagogique probantes (Faire). L’éducation, c’est humain et c’est d’abord l’expression d’une approche, d’une attitude face à l’autre. On pourrait presque parler d’une spiritualité (Être). Pourquoi passer du verbe Faire au verbe Être? Parce que notre monde extérieur est le reflet de notre monde intérieur. Pensez à l’état d’être des personnes que vous côtoyer au quotidien. De quoi ont-ils besoin pour avoir le goût d’avancer, ensemble, en équipe? Il y a tellement de choses à faire. Or tout ce qu’on va faire dépend de qui on est. Être… 

Qui ai-je le goût d’être dans tout ce que j’ai à faire?

Les 3 appels* du leader 

Voici 3 appels du leader dans l’école d’aujourd’hui, dans le monde d’aujourd’hui : 

L’appel au courage – Être courageux

Le leadership, ce n’est pas une position. Ce n’est pas parce qu’on me donne un poste de responsabilité que je deviens automatiquement un leader. Or si on me donne un tel poste, j’ai intérêt à devenir un leader rapidement ou je risque de faire des dommages. Nous savons que c’est la personne qui fait le poste. Quel que soit le nom du poste, c’est la personne qui occupe le poste qui fait toute la différence. L’être en poste. Ça demande d’avoir le courage d’être pleinement soi-même, d’agir en fonction de ses valeurs et d’inspirer par son exemple. Ça demande aussi d’oser aller à la rencontre de l’autre, de lui partager sa vision de l’éducation et d’essayer de toucher, voire de conquérir le coeur de l’autre. Dans un récent épisode de podcast, Marie-Claude Messier rappelait un passage du livre Nuance de Michael Fullan, qui invite le leader à donner du sens aux détails et du rêve à l’objectif (voir l’extrait ici). Donner du rêve à l’objectif, c’est montrer à l’autre qui je suis, lui tendre la main et lui demander son engagement. Ça demande du courage, ça. En passant, le fait d’écrire ET de publier cet article me demande plus de courage que je ne l’aurais pensé. Cette récente publication de Marc-André Girard dans LinkedIn est un excellent exemple de la posture du leader courageux. Créer le désir chez l’autre en étant pleinement soi-même.

Qu’est-ce que j’ai en moi qui pourrait avoir un impact positif sur les personnes autour de moi?

Qu’est-ce que j’attends pour que mon poste soit à mon image?

L’appel à l’humilité – Être humble

Personne ne peut tout savoir. Ça tombe bien puisque le leader d’aujourd’hui n’a pas besoin de tout savoir. Sentez-vous le poids qui s’envole? L’appel à l’humilité invite le leader à entrer dans l’univers de l’autre avec bienveillance dans le but de servir, d’accompagner, de soutenir l’autre. À la manière d’un jardinier, le leader veut s’assurer que l’autre ait tout ce dont il a besoin pour grandir, pour avancer. Les objectifs ambitieux que nous tentons d’atteindre dépendent tous de l’autre. On a intérêt à se soucier de lui. Lorsqu’on voit un jardin en santé, le jardinier est invisible, mais la récolte, elle, parle haut et fort. The proof is in the pudding.

Quelle est ma relation avec l’humilité et le service?

Où sont mes opportunités de servir au quotidien?

L’appel à l’Amour (avec un grand A) – Être Amour

L’Amour. Oui, je sais. Ça fait «weird» de lire ça dans un texte qui parle d’éducation. Mais l’éducation, c’est des personnes. Comme le disait mon ami Louis Houle : « Il faut chercher l’extraordinaire chez l’autre. » On trouve ce qu’on cherche. L’objectif de tout leader est de créer d’autres leaders. Pour créer d’autres leaders, il faut voir le potentiel chez l’autre, lui faire une place (sur son X) et accepter que l’autre exprime son leadership. L’appel à l’amour nous invite à avoir un regard qui ressemble à celui qu’un parent a pour son enfant. Les parents souhaitent habituellement que leurs enfants les dépassent. Je vous invite à écouter Alexandra Coutlée, qui le résume très bien dans cet extrait

Où est l’extraordinaire dans les personnes que je côtoie au quotidien?

Comment pourrais-je leur faire davantage de place afin qu’ils expriment leur leadership?

Se changer soi-même

Le changement est un choix personnel. D’un point de vue de leadership, cette citation de Rumi prend tout son sens : « Hier, j’étais intelligent et je voulais changer le monde. Aujourd’hui, je suis sage et je me change moi-même. » Plus on s’améliore, plus on devient  une personne attrayante à côtoyer. 

De quelle habitude (quotidienne) voudrais-je me défaire?

Quelle habitude, plus alignée avec qui je veux être, pourrait la remplacer?

Le monde de l’éducation est rempli d’individus mais c’est un sport d’équipe. Et comme le disait Félix-Antoine Manuri lors du TEDx Ville-Marie : « Être humain, c’est d’abord être ensemble. »

Être. Êtres ensemble. 

Le leadership, c’est un appel à l’Être.

Et si on essayait ça…

Merci de vos commentaires

*Merci à Éric Le Reste et à Rémi Tremblay (La Maison des leaders) pour l’inspiration lors de la retraite «Leadership et spiritualité | Les trois postures du leader », qui a eu lieu du 15 au 17 mars 2024, à Saint-Jean-de-Matha, Qc.

21 Mar, 2024

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