L’enseignement est un sport d’équipe!

Je n’ai pas écrit depuis un ptit bout. J’ai consacré mon énergie à ma famille (du mieux que je l’ai pu) et aux personnes que j’ai la chance d’accompagner en éducation. J’ai tellement de choses à vous raconter dans les prochains billets. Pour aujourd’hui, je vais me concentrer sur la collaboration dans nos écoles. C’est un sujet qui a été, implicitement et explicitement, au coeur de mes rencontres avec des directions et des enseignants de divers milieux au cours des derniers mois.

Où en serions-nous sans la collaboration en ce moment?

Je ne sais pas si vous allez être d’accord. Plusieurs personnes sont d’avis que si nous avons pu relever le défi de continuer à offrir une éducation à nos élèves, c’est parce que les acteurs du réseau se sont mis en mode «collaboration». Certains diraient que c’est normal puisque la pandémie ne nous a pas donné d’autre choix. Où en serions-nous présentement sans la collaboration dans nos milieux? La question se pose. Et il importe de célébrer le travail extraordinaire (il n’y a pas de mot assez élogieux) des acteurs du réseau. Or la fin de l’année approche et le réseau se prépare à un éventuel retour « à la normale ». Dans la perspective de l’après-pandémie, je pense que la collaboration sera primordiale si on souhaite vraiment relancer l’éducation, une éducation au service de tous nos élèves.

«Si tu es le meilleur prof de ton école et que tu ne contribues pas activement à la communauté d’apprentissage professionnelle, tu nuis à ton école.» Traduction libre – Richard Dufour

Le mindset d’un joueur d’équipe

Dans mon vécu, la collaboration est le moteur de l’amélioration continue en éducation. Même si l’enseignement nous amène à fermer notre porte de classe et à enseigner individuellement, l’enseignement est un sport d’équipe. Après tout, nous avons des objectifs communs et un profil de sortie de l’élève commun. C’est pourquoi les écoles se donnent différentes structures de collaboration. Mais la collaboration n’est pas tant une question de structure (lire ici recette, technique ou stratégie) qu’une question de mindset. Qu’une école adopte le mode de fonctionnement CAP, CoP, équipes de collaboration, équipes de mentorat, visites en salle de classe (Lesson Study) ou même une structure plus informelle comme la charte de l’ananas et j’en passe, l’amélioration continue, c’est d’abord une disposition. Je vous partage humblement quelques idées clés qui peuvent transformer positivement comment vous vivez la collaboration dans votre école, peu importe le mode de fonctionnement. On part ici du principe que vous ne pouvez pas contrôler comment les gens se présentent autour de la table, mais vous pouvez toujours choisir comment vous vous y présentez.

  1. Je veux m’améliorer : En éducation, nous oeuvrons tous dans un contexte d’amélioration continue. Je n’ai jamais vu une école ou un CS/CSS avoir un plan de maintien. Non. Tout le monde a un plan qui vise l’amélioration continue. Et je ne peux pas m’imaginer comment on peut espérer améliorer l’éducation sans un ardent désir d’amélioration continue de la part de tous les acteurs. Pour reprendre les mots de Dylan Wiliam : « Si nous créons une culture dans laquelle chaque enseignant (leader) croit qu’il doit s’améliorer, non pas parce qu’il n’est pas assez bon mais parce qu’il peut être encore meilleur, il n’y a pas de limite à ce que nous pouvons accomplir.» Je suis d’accord mais j’inclus tout le monde. Pas seulement les enseignants. Le système, c’est du monde. Si on veut améliorer le système… on commence par soi.
  2. Je veux contribuer : Les structures de collaboration nous permettent d’apprendre de nos collègues mais nous avons également la responsabilité de partager notre savoir expérientiel, de partager les lectures professionnelles qui nous alimentent, etc. On donne ET on reçoit. J’étais chef du secteur de Français au secondaire quand j’ai entendu Richard Dufour, le père de la CAP, prononcer ces mots : «Si tu es le meilleur prof de ton école et que tu ne contribues pas activement à la communauté d’apprentissage professionnelle, tu nuis à ton école.» Outch! Ça m’avait ébranlé. Mais j’ai compris à ce moment-là que l’éducation était un sport d’équipe. Une seule personne ne peut pas atteindre les objectifs communs de l’école. Il faut le faire ensemble. C’est là qu’on passe du «Moi» à «Nous», de «Mes» élèves à «Nos» élèves. C’est big, ça.
  3. Je veux savoir si nous progressons : Vous avez remarqué? J’ai dit «nous». Les structures de collaboration constituent un investissement majeur (temps, argent et ressources humaines) dont le but est l’amélioration de notre pratique et, au final, l’atteinte de nos objectifs communs. Il importe donc de vérifier si nos pratiques nous permettent de progresser en tant qu’équipe et si nos pratiques ont un impact positif sur l’apprentissage des élèves. Pour gagner la partie, une équipe a besoin de regarder le tableau de pointage une fois de temps en temps. Michal Fullan appellerait peut-être ça la reddition de compte à l’interne. Et lorsqu’on regarde la gestion sanitaire, n’est-ce pas ce qu’on fait en tant que société présentement? (Nous avons tous une opinion sur les stratégies utilisées mais un principe demeure : on s’intéresse aux données pour évaluer ce qui fonctionne ou non.)
  4. Je suis coachable : Être coachable, c’est être Curieux – Ouvert – Ambitieux – Confiant – Humble – Apprenant – Bienveillant – Leader – Empathique. Toutes les personnes dans votre école ont quelque chose à offrir à l’équipe et quelque chose à apprendre de l’équipe. On peut vouloir un bon coach, c’est sûr, mais il faut être coachable aussi.

Imaginez ce qui se passerait dans votre école si toutes les personnes se présentaient autour de la table avec cette disposition. Ce serait un excellent début, mais ce n’est pas tout.

On brasse les idées, pas les personnes!

Que chaque personne se présente autour de la table avec un tel mindset serait un excellent point de départ. Or il faut pouvoir dialoguer et partager nos idées. Collaborer, ça ne veut pas dire être d’accord avec tout le monde, tout le temps. Comment peut-on espérer avancer ensemble si on ne se donne pas la permission de s’exprimer librement. Les équipes efficaces comprennent l’importance de brasser des idées ensemble. Pour brasser des idées, tous les membres de l’équipe doivent être prêts à mettre leurs idées sur la table. Dans mon vécu, lorsqu’on arrive à faire ça, des idées bien ordinaires peuvent devenir extraordinaires grâce à nos collègues. Quand les membres de l’équipe comprennent qu’on brasse des idées, pas des personnes, une sorte de climat de confiance s’installe, un momentum se crée. Quand on y pense, nos collègues nous partagent toujours leurs meilleures idées. Accueillons-les avec intérêt, empathie et curiosité. Nous faisons alors attention à nos relations, mais on avance ensemble dans le meilleur intérêt de nos élèves. C’est le signe qu’un leadership partagé s’installe graduellement.

Leadership = prise de décision responsabilité

Parfois, certains réduisent le leadership partagé au partage du pouvoir décisionnel. C’est bien, mais c’est à mon humble avis incomplet. Le leadership, c’est d’abord une responsabilité. Dans le contexte de la collaboration, le leadership partagé porte fruit lorsque tous les membres de l’équipe contribuent activement à l’amélioration de l’équipe et surtout lorsque tous les membres de l’équipe acceptent la responsabilité de leurs actions et des résultats de l’équipe. C’est donc dire que la personne qui est responsable d’animer les rencontres d’équipe, quelle que soit sa fonction, ne peut pas porter à elle seule la réussite de l’équipe. Cette dernière phrase mérite d’être relue, en équipe. D’où l’importance du mindset de chacun. Ceci permet, entre autre, qu’à la fin de chaque rencontre, tous les membres de l’équipe aient choisi des prochaines étapes claires.

Que ce soit pour planifier les activités de fin d’année et pour planifier la rentrée scolaire, je vous souhaite de poursuivre votre élan de collaboration. Je vous souhaite surtout que la collaboration soit au service de relations saines avec vos collègues et au service d’une éducation toujours meilleure pour nos élèves. Rappelez-vous, l’objectif des structures de collaboration, ce n’est pas de «faire des CAP» (choisissez votre mode de fonctionnement) ou d’entrer dans le moule. Non. L’idée, c’est de regarder les principes du mode de fonctionnement choisi et de se demander comment ces principes peuvent servir à propulser le potentiel humain présent dans votre équipe.

Bon succès dans vos prochaines rencontres!

Merci de vos commentaires 🙂

8 Mai, 2021

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Commentaires

15 Commentaires

  1. Marie-Christine PENNORS

    Merci pour ce billet très inspirant. La métaphore de l’équipe sportive et la question : Que serions-nous actuellement sans notre collaboration ? me donnent des idées de brainstorming en équipe pour le bilan de fin d’année scolaire.

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    • Marius

      C’est fantastique. Merci Marie-Christine 🙂

      Réponse
  2. Geneviève

    Le partage est essentiel et l’écoute avec empathie aussi. Ce qui permet de développer encore plus loin les idées et d’en faire des projets géniaux. Chacun embarque avec sa personnalité mais tous les acteurs en bénéficient.

    Réponse
    • Marius

      Merci pour ton commentaire Geneviève 🙂

      Réponse
  3. Jean-Denis Bernier

    “L’enseignement est un sport d’équipe.” C’est tellement vrai ! La meilleure partie après avoir fait un but au hockey, c’est la célébration des coéquipiers…célébrons nos succès !!

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    • Marius

      Tu as bien raison. La célébration en équipe, ça n’a pas de prix. Merci pour ton commentaire, Jean-Denis.

      Réponse
  4. Mélissa Laflamme

    Merci pour tes réflexions toujours inspirantes. Travailler en éducation, c’est un privilège, mais c’est complexe. Je cite l’une des 17 lois infaillibles du travail d’équipe selon John C. Maxwell. La loi du Mont Everest : Plus l’objectif est élevé, plus le travail en équipe est nécessaire. La complexité de notre travail, et ce, peu importe notre rôle en éducation, nécessite le travail collaboratif. Nous avons des rêves immenses pour nos élèves. Pour réaliser ces rêves, il faut absolument travailler en équipe. Merci Marius!

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    • Marius

      Merci pour ton commentaire, Mélissa et de nous rappeler la loi du Mont Everest. C’est une image qui me parle beaucoup. Au plaisir 🙂

      Réponse
  5. Julie

    Mon premier commentaire :
    En plein dans le mille, Marius, encore une fois! Comme le dit le proverbe africain «Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».
    Merci pour ce billet.

    Réponse
    • Marius

      Merci pour ton commentaire, Julie! 🙂

      Réponse
  6. Julie

    Deuxième commentaire qui m’est venu suite au premier ?… J’adore la réflexion qu’amène ce billet. Je verrais le titre « L’enseignement est un sport d’équipe ». C’est une petite nuance qui, selon moi, met en lumière le fait que le métier d’enseignant englobe plusieurs éléments, dont le fait d’enseigner, et qui requiert un travail d’équipe important tant dans l’élaboration des objectifs d’apprentissage que du plan stratégique de l’école. Tandis que l’acte d’enseigner peut davantage être personnalisé tout en gardant à l’esprit la vision et la culture du milieu. Je le comparerais avec « jouer au tennis » (enseigner) et «le tennis » (l’enseignement). Le tennis est un sport d’équipe où le joueur se fait coacher, donne son opinion, contribue à fixer les objectifs, mais lorsque vient le temps de jouer, il est seul sur le terrain et doit tenter d’appliquer les stratégies pratiquées, malgré les surprises qui se présentent. Qu’en dis-tu?

    Réponse
    • Marius

      Ma chère Julie, j’aime beaucoup la nuance que tu amènes. Je viens de changer le titre. Merci ! Comme quoi l’écriture est un sport d’équipe itou 😉

      Réponse
      • Marius

        On brasse les idées, pas les personnes ?

        Réponse
  7. Dany

    On brasse les idées… et non les personnes!
    J’aime ça! ?

    Réponse
    • Marius

      Yes. Merci pour ton commentaire Dany 🙂

      Réponse

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