Il faut « casser le 100 » !

Si vous oeuvrez en éducation et essayez présentement de trouver un moyen d’intégrer la technologie de façon efficace en salle de classe, pour toutes les bonnes raisons qu’on connaît, l’analogie ou métaphore que je vous propose aujourd’hui vous aidera possiblement à déterminer comment aborder la mise en œuvre de la pédagogie à/de/pour l’ère numérique, y compris l’intégration efficace de la technologie au service de l’apprentissage. 

Les règles du jeu

Si vous avez déjà joué un peu au golf, ou si vous connaissez des gens qui jouent au golf, vous comprendrez que tous les golfeurs doivent respecter des règlements de base qui s’appliquent à tous les joueurs, peu importe le parcours où on joue. Or certains parcours proposent des règlements locaux qui tiennent compte des particularités desdits parcours.

En éducation, dans les écoles de langue française, Faire croître le succès, la nouvelle politique du MÉO, constitue les règles du jeu en matière d’évaluation du rendement des élèves. Et les conseils scolaires élaborent des lignes de conduite, des règlements administratifs ou des directives administratives qui se reflètent dans les codes de vie et les codes d’éthique des écoles (parcours) et qui, ultimement, façonnent la pratique des administrateurs et des enseignants. 

L’élan

Les golfeurs vous diront qu’il existe plusieurs théories ou méthodes pour arriver à mettre la balle dans le trou avec le moins de coups possible. Les bons golfeurs réussissent à jouer 18 trous en moins de 100 coups. C’est l’objectif ultime, mis à part le plaisir, bien sûr. Et les golfeurs qui apprécient les côtés plus techniques de l’élan essaient d’ajouter un peu d’esthétique à leur élan. Comme si le sport n’était pas assez compliqué comme ça. Ça donne à peu près ceci : On veut avoir un bel élan qui respecte la théorie, mettre la balle dans le trou avec le moins de coups possible, avec l’équipement qu’on a, sans aller au champ de pratique, tout en respectant les règlements, et sans se fâcher. Pas évident! Mais tous s’entendent pour dire que c’est le moment de l’impact qui importe. «Ça ne paraît pas sur la carte de pointage. » Les golfeurs comme Jim Furyk en sont la preuve. En effet, Jim Furyk a un élan bien à lui, que les professionnels ne conseilleraient à personne. Mais il est très performant puisqu’au moment de l’impact, ce qui compte vraiment, il est irréprochable. 

Mais où veux-tu en venir Marius? Je dois vous dire que des gens comme John Hattie m’amènent à me questionner énormément sur nos prochaines étapes en éducation. Tel que précisé dans un billet précédent, je crois fermement que c’est l’élan, la pédagogie des enseignants qui sera la clé du succès des écoles. Même à l’ère numérique. Surtout à l’ère numérique. John Hattie nous rappelle qu’il faut être conscient de l’impact que nous avons sur l’apprentissage des élèves. Savoir ce qui fonctionne avec certains élèves et pourquoi. Et même si l’élan, la pédagogie de certains enseignants, semble à première vue s’éloigner de la théorie, des modèles comme l’inukshuk, c’est l’impact sur l’apprentissage des élèves que nous devons regarder, pas la beauté de l’élan. Rappelons-nous que la théorie doit être au service de la pratique, pas l’inverse. Je crois que le monde de l’éducation est rempli de Jim Furyk : plusieurs différents élans, qui «marchent». La pédagogie, c’est un heureux mélange de science ET d’art. Ceci dit, il faut accepter que nous avons tous besoin de parler de notre élan, d’améliorer notre élan, notre pédagogie. Et je crois que l’ère numérique crée de plus en plus d’occasions de parler de pédagogie. Il faut saisir ces occasions. 

L’équipement

Étant moi-même golfeur depuis près de 25 ans, je dois vous avouer que placé devant le choix de changer d’équipement OU de prendre une leçon avec un professionnel, je choisis 99 fois sur 100 les nouveaux bâtons. Et là, ceux qui me connaissent rient probablement en imaginant la quantité de bâtons différents qui dorment dans mon garage. Vous voyez, les nouveaux bâtons nous procurent de nouvelles sensations. Ils nous permettent de frapper des coups que nous ne pouvions par exécuter auparavant. C’est tellement plaisant. Les beaux coups vont plus loin, les mauvais, plus loin dans le bois. Et le pointage final demeure inchangé. Et pourtant, on a tellement l’impression de mieux jouer. Vous me suivez? 

En éducation, il faut anticiper le même comportement chez les enseignants. C’est tout à fait normal de vouloir des iPad ou un TBI dans sa salle de classe. C’est comme avoir de nouveaux bâtons. Cependant, il faut être conscient que, comme le golfeur convaincu qu’il joue mieux avec de nouveaux bâtons, c’est pour avoir un meilleur impact sur l’apprentissage des élèves que nous souhaitons intégrer la technologie dans les salles de classe. Il faut donc accepter d’essayer d’améliorer son élan aussi. Autrement, la nouvelle technologie peut nous amener plus loin dans le bois. Et à la vue de tous! 

Conclusion

Vous n’êtes pas sans savoir que dans le passé, l’école avait le mandat d’enseigner. Et les élèves apprenaient malgré nous, malgré nos élans de 100 coups et plus dans certains cas. C’est normal, les élèves devaient simplement connaître un certain montant d’information, que les écoles leur transmettaient.

À l’ère numérique, le mandat de l’école a changé. Aucun enseignant, aussi connaissant soit-il, ne peut rivaliser avec Google. Notre rôle est dorénavant de contextualiser la matière et de développer les compétences de nos élèves. Pour y arriver, nous devons tous, administrateurs et enseignants, améliorer continuellement notre élan pédagogique. À l’ère numérique, nous devons tous casser le 100. Ensemble, pour nos élèves.

 

 

11 Nov, 2012

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Commentaires

4 Commentaires

  1. Jonathan Tolsma

    J’aime l’analogie du golf, car on doit souvent être créatifs dans nos coups et nos façons d’aborder le terrain, tout comme en salle de classe.

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  2. Gary Kenny

    Je découvre ton blogue avec grand plaisir. J’aime beaucoup l’analogie avec le golf pour comprendre le rôle des nouvelles technologies.

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    • bourmu

      Merci beaucoup. J’apprécie votre commentaire. 🙂

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  3. Bianca

    La golfeuse en moi a un sourire en coin! Bons liens et bonne réflexion!

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