On compense en temps ce qu’on n’a pas en compétence.

J’ai vu passer cette publication cette semaine et lorsque j’ai écouté la vidéo, j’ai réagi comme je le fais habituellement : je me suis mis à faire des liens avec mon vécu en éducation. Je vous invite à regarder la vidéo de Nick Saban avant de poursuive la lecture du billet.

La cohésion : une question de standards

Un coach veut gagner des championnats. Les messages de Nick Saban peuvent paraître cinglants. « Les gens médiocres n’aiment par les gens performants. Les gens performants n’aiment pas les gens médiocres. » Il affirme aussi qu’il ne peut pas y avoir de cohésion dans une équipe ou une organisation si tous les joueurs ne s’engagent pas à respecter les mêmes normes ou standards d’excellence. En éducation, on ne gagne pas des championnats, on vise la réussite de tous les élèves. Et comme pour les championnats, c’est rare qu’on y arrive à 100%, mais la réalisation de soi est dans la quête, pas seulement la conquête. Je n’ai jamais vu un milieu en éducation qui n’était pas en train de mettre en place des structures de collaboration et/ou qui ne tentait pas d’amener une cohésion au sein des équipes. Parce qu’on veut gagner. L’éducation est un sport d’équipe. Où est le problème?  La cohésion part des individus. Ça part de la posture. Quels sont vos standards?

Posture et fiabilité, ensuite les valeurs communes

En éducation, il est commun de voir les milieux choisir des valeurs communes. Les valeurs deviennent des comportements observables que nous choisissons d’adopter. Des valeurs, ça se vit. Elles sont même souvent affichées dans les écoles. Cette démarche amène les équipes à définir ensemble leur identité. J’imagine mal l’affiche « Fais ton travail! » de Bill Belichik dans nos écoles. Or ce qui précède les valeurs d’une équipe, c’est la posture et la fiabilité des individus dans l’équipe, comme le laisse croire le message de Nick Saban. Les individus doivent viser l’excellence et faire leur travail. Bref, les collègues doivent pouvoir compter les uns sur les autres quand ça compte. C’est stimulant de côtoyer des personnes qui donnent le meilleur d’eux, qui font leur travail et qui veulent s’améliorer. Or l’identité d’une équipe ne peut pas être meilleure que l’identité des individus qui la composent. Comme une stratégie ne peut pas être meilleure que l’équipe qui la déploie. C’est évident.

L’identité d’une équipe ne peut pas être meilleure que l’identité des individus qui la composent. Comme une stratégie ne peut pas être meilleure que l’équipe qui la déploie. C’est évident.

Oui mais… pourquoi s’améliorer?

Une question qu’on me pose assez régulièrement est la suivante : « Pourquoi les gens sont-ils invités à s’améliorer en éducation? ». Cette question me surprend toujours. Il faut reconnaître que la tâche est énorme en éducation. Peu importe le poste que vous occupez, ça roule. Et pourtant, on vous demande possiblement de faire un plan de croissance, un plan de perfectionnement professionnel, un plan annuel de… ou on vous parle de développement professionnel continu… Avec tout le travail à accomplir, pourquoi demander aux gens, EN PLUS, de s’améliorer?

Si on prenait un café ensemble en tête à tête, je vous donnerais les 4 raisons suivantes :

  1. Notre responsabilité de base : L’éducation est un contexte d’amélioration continue. Où que vous soyez, quelqu’un va avoir un plan qui vise de meilleurs résultats cette année que les résultats de l’année précédente. C’est le set-up de base. Ça n’a rien à voir avec le superviseur en place. Ça n’a rien à voir avec les exigences de la tâche ou du poste. Mais j’avoue que ce n’est pas une raison motivante ou qui donne le goût de s’améliorer. Je comprends. Ça ressemble plus à une responsabilité. C’est parce que ce l’est, notre responsabilité. « Oui mais Marius, mon autonomie? » L’autonomie, c’est la marge de manoeuvre. On est autonome dans notre façon d’atteindre les objectifs visés. Mais on les vise. Ce n’est pas facultatif.
  2. Le feeling d’être en mouvement : Je vous dirais alors que les gens qui s’améliorent ont tendance à être plus heureux dans leur travail. Ah, ça c’est plus intéressant. La première personne à gagner quelque chose, c’est la personne qui s’améliore. Le sentiment d’efficacité personnelle, le pouvoir d’action… Le feeling d’être en mouvement. La preuve qu’on contribue. Wow! Ici, on devient. Devenir, c’est le verbe ÊTRE mais en mouvement. Lorsqu’on accepte d’oeuvrer en éducation, on accepte que les attentes de base sont qu’on devienne tous la meilleure version de nous-mêmes. Pourquoi? On passe au prochain.
  3. Vous êtes la stratégie : C’est le but du poste. Quel que soit le plan d’amélioration, quelles que soient les cibles dans votre milieu, la stratégie pour réussir, c’est vous. Comment peut-on penser améliorer le rendement des élèves si les adultes n’améliorent pas leurs pratiques? Comment peut-on penser améliorer le climat scolaire et la collaboration si nos relations ne s’améliorent pas? Tout part de la posture. Au final, l’éducation compte sur vous. Passons au prochain point.
  4. On compense en temps ce qu’on n’a pas en compétence : Pensez-y un instant. C’est la réalité. Si on place un enfant dans une salle de classe, il va apprendre à une vitesse. Disons 18 mois d’apprentissage en 10 mois d’enseignement. Fantastique. Si on place le même enfant dans une autre salle de classe, il va apprendre à une autre vitesse. Disons 7 mois d’apprentissage en 10 mois d’enseignement. Moins fantastique. Quelle est la différence? Le mobilier? Le manuel? Le TNI?… C’est l’adulte qui est là qui fait toute la différence. En fait, c’est la compétence de l’adulte qui est là qui fait toute la différence. N’est-ce pas le sens derrière la liste des facteurs de John Hattie? Devenir compétent, ça prend du temps. Et ça s’applique à tous les postes, à tous les niveaux du système. Personne n’y échappe. D’où la nécessité de rehausser ses pratiques en compagnie de ses pairs. L’éducation est tellement complexe qu’on ne peut pas y arriver seul. Je ne connais personne qui soit capable de répondre aux besoins de tous ses élèves ou collègues sans l’appui de ses pairs. Personne.

On compense en temps ce qu’on n’a pas en compétence.

Le mindset d’un joueur d’équipe

On ne peut pas sous-estimer l’importance d’un plan pour améliorer les choses en éducation. Planifier. Or en matière de travail d’équipe, le moteur de l’amélioration continue, un autre verbe précède le verbe planifier : décider. Chaque individu doit prendre la décision de viser l’excellence. Combien de rencontres sont conçues pour amener les gens à prendre cette décision?… Chaque membre doit choisir d’accueillir la responsabilité de son devenir et d’adopter le mindset d’un joueur d’équipe. Lorsqu’on accueille la responsabilité de son devenir, on accueille aussi tout le pouvoir d’action qui vient avec. Imaginez ce qui devient possible instantanément pour une équipe composée de personnes qui ont choisi les quatre éléments suivants. Et ça coûte gratuit!

✅ Je veux m’améliorer.

✅ Je veux contribuer.

✅ Je veux savoir si nous progressons. (reddition de comptes, célébrer nos progrès)

✅ Je suis coachable.

Chaque personne compte

En éducation, on n’essaie pas de sortir les gens de l’autobus. C’est une de nos forces. On investit en eux. On les accompagne, on les soutient, on ne les abandonne pas…

Parce que chaque personne compte.

Or chaque personne,

✅ est responsable de décider de viser l’excellence;

✅ est responsable de son devenir;

✅ est ou fait partie de la stratégie;

✅ compense en temps ce qu’elle n’a pas en compétence.

« Ouin, t’es assez direct, Marius… »

Oui. C’est sérieux ce qu’on fait en éducation. Tout le monde est un leader. Tout le monde est responsable. Tout le monde est capable d’agir.

Rehausser sa pratique en compagnie de ses pairs

En 2008, j’étais chef du secteur Communications dans mon école secondaire et j’assistais à une formation offerte par Richard Dufour, le père des CAP. Pendant cette formation, il a dit une phrase qui a marqué mon parcours professionnel. À ce moment-là, je croyais que ma responsabilité était de participer à des activités de développement professionnel dans le but d’aller chercher des choses qui pouvaient m’aider moi. Lorsque j’ai entendu Richard dire fermement, à la Nick Saban : « Si tu es le meilleur prof de ton école et que tu n’es pas activement en train d’aider tes collègues à améliorer leurs pratiques, tu nuis à ton école. » Je l’avais trouvé sévère de dire ça. L’idée ici n’est pas de savoir si on est le meilleur prof de son école. Son message était que nous avons, pour nos élèves et nos communautés, la responsabilité de rehausser nos pratiques en compagnie de nos pairs. Chaque personne a quelque chose à offrir autour de la table.

On compte sur vous!

À mon tour de vous dire fermement, le coeur rempli d’amour…

Si vous ne visez pas l’excellence en éducation, vous nuisez à vos collègues, à vos élèves et à la raison d’être de l’éducation. C’est triste, mais c’est ça. Et ça n’a rien à voir avec votre province.

Mais vous êtes chanceux. Il n’est jamais trop tard pour décider. Rappelez-vous pourquoi vous avez choisi l’éducation.

On compte sur vous.

Si vous avez pris la décision de viser l’excellence (rappelez-vous que l’excellence est dans la quête), merci pour tout ce que vous DEVENEZ pour l’éducation. Vous êtes une source d’inspiration pour les personnes autour de vous.

Je dois vous dire que vos collègues indécis ont besoin de votre soutien, de votre écoute et de votre empathie. Selon Brené Brown, l’empathie c’est être capable de se placer dans la peau de l’autre, ressentir avec l’autre et… il y a absence de jugement. Non verbalement. Vous me suivez?

On ne commence pas indécis en éducation. On le DEVIENT pour toutes sortes de bonnes raisons. Je ne serais pas en éducation présentement si je n’avais pas eu des collègues pour me soutenir à mes débuts.

On a besoin de tout le monde pour avancer, ENSEMBLE, en éducation.

Au final, la cohésion, c’est tellement plus plaisant.

C’est l’fun, essayer de gagner un championnat!

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9 Sep, 2023

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